Mis en ligne : 4 juin
C’est un nouveau cri d’alarme. Après celui du préfet de Seine St Denis à l’automne dernier, un rapport de l’Institut national des hautes études de sécurité (INHES), organisme qui dépend du ministère de l’Intérieur, dresse à son tour un constat accablant des relations entre police et population dans ce département. Basé sur deux mois d’études et de rencpntres avec des acteurs de terrain (élus, policiers, magistrats), ce document commandé par le préfet et révélé par l’AFP a été finalisé en décembre 2006. depuis il était resté dans un tiroir du ministère. Et pour cause : c’est un véritable désaveu de la politique sécuritaire menée par l’ex-ministre de l’Intérieur Sarkozy.
D’emblée les auteurs indiquent que les relations actuelles entre la police nationale et la population du 93 sont « difficiles et empreintes de tensions évidentes ». Ils évoquent une « déferlante de violence » avec un « nombre croissant de mineurs » mis en cause dans la délinquance, une « dégradation », voire parfois « une césure » police / population.
La culture du chiffre roi prôné depuis cinq ans en prend pour son grade. L’étude parle ainsi d’une « baisse discutable des faits constatés » par les policiers et reproche à ces derniers de trop se concentrer sur la lutte contre les stupéfiants ou les clandestins. Lutte qui entrainerait une « hausse artificielle » de ses taux d’élucidation et donnerait « une image agressive » des forces de l’ordre. Au final les auteurs soulignent un « décalage » entre la « suractivité permanente » de la police et « les réalités subies par la population ».
La Seine St Denis, relève l’étude, est aujourd’hui dans une situation de « marginalisation croissante » avec une « délinquance hors normes ». Une « fossé se creuse avec les autres départements » notamment concernant les faits de violence. Les auteurs constatent par ailleurs un « faible taux de plaintes » et également une « faible réponse judiciaire vécue, selon les acteurs de terrain, par la population et la police ». Conclusion cinglante : il s’est instauré dans le département un « climat d’insécurité permanent entre la police et les habitants des quartiers sensibles ».
« Ce rapport ne fait que confirmer un sentiment que je ressens avec les jeunes de ma ville, estime le maire communiste de La Courneuve, l’une des quatre villes (avec Montfermeil, Clichy/bois et Saint Denis) où la mission a concentré son étude, sentiment qui est du à de nombreux contrôles de police et des comportements irrespectueux à leur égard. C’est avant tout un problème de moyens qui ne sont pas mis où il faut. Nous sommes passés à une police d’urgence alors qu’il faudrait une police de prévention ».
source pcf.fr