Depuis les événements de Cronstadt, les anticommunistes de "tous poils" se sont servis de cette page de la révolution russe pour discréditer aux yeux du monde le parti Bolchevique.
Une mise au point s'impose. Voici un extrait de Léon Trotsky, Oeuvres - Beaucoup de tapage autour de Cronstadt, 1938, qui est particulièrement pertinant. C'est ce que l'on appelle "une donnée brute " en histoire, un témoignage du dirigeant de l'armée rouge. A lire et à discuter ensuite...
Bonne lecture.
« Les délégués du X° Congrès au front de Cronstadt comprenaient notamment des Centralistes démocratique et des membres de L'Opposition ouvrière. Les mêmes cadets de l'Armée rouge, qui avaient voté avec enthousiasme, au cours des semaines précédentes, les résolutions inflexibles de Mme Kollontaï étaient maintenant les combattants les plus acharnés contre les révoltés. Pendant l'insurrection, Loutovinov se trouvait à Berlin; il déclara qu'il approuvait entièrement les mesures militaires décidées à Moscou et ajouta en guise d'explication que la liquidation de la révolte prenait un certain temps parce que le grouvernement soviétique "cherchait à épargner la population de Cronstadt".» (L. Schapiro, Les Bolchéviks et l'Opposition)
« Comment l’insurrection de Cronstadt peut-elle être à la fois si chère au cœur des anarchistes, des mencheviks et des contre-révolutionnaires libéraux ? La réponse est simple : tous ces groupes ont intérêt à discréditer l’unique courant révolutionnaire qui n’ait jamais renié son drapeau, qui ne se soit jamais compromis avec l’ennemi, et qui soit le seul à représenter l’avenir. C’est pourquoi il y a parmi les accusateurs attardés de mon "crime" de Cronstadt tellement d’anciens révolutionnaires, ou d’anciens demi-révolutionnaires, de gens qui jugent nécessaire de détourner l’attention des abjections de la III° Internationale ou de la trahison des anarchistes espagnols. Les staliniens ne peuvent pas encore se joindre ouvertement à la campagne autour de Cronstadt, mais à coup sûr ils se frottent les mains de satisfaction. Autant de coups dirigés contre le "trotskysme", contre le marxisme révolutionnaire, contre la IV° Internationale ![...] La démoralisation sur la base de la famine et de la spéculation avait de façon générale terriblement augmenté vers la fin de la guerre civile. Ce qu'on appelait le mechotchnitchestvo (le petit marché noir) avait revêtu le caractère d'un fléau social qui menaçait d'étrangler la révolution. Et, à Cronstadt particulièrement, garnison qui était oisive et vivait sur son passé, la démoralisation avait atteint des proportions très importantes. [...] La révolution a ses lois. Nous avons formulé depuis longtemps ces "leçons d’Octobre", qui ont une importance non seulement russe, mais également internationale. Personne n’a tenté de proposer d’autres "leçons". La révolution espagnole confirme par la négative les "leçons d’Octobre". Mais les critiques sévères se taisent ou se dérobent. Le gouvernement de "Front populaire" étrangle la révolution socialiste et fusille les révolutionnaires : les anarchistes participent à ce gouvernement et, quand on les chasse, ils continuent à soutenir les bourreaux. Et leurs avocats et alliés étrangers s’occupent pendant ce temps de défendre... la rébellion de Cronstadt contre les féroces bolcheviks. Ignoble comédie ! » Léon Trotsky, Oeuvres - Beaucoup de tapage autour de Cronstadt, 1938